Près de 2,5 millions de Français résident à l’étranger, principalement pour des raisons professionnelles. Pour autant, ils maintiennent des liens forts avec la France. En cette période électorale, l’expatriation pourrait être un enjeu de campagne.
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94 % des expatriés ont l’intention de se rendre aux urnes en 2017 selon le baromètre 2017 Humanis – lepetitjournal.com. Ils vivent, pour la plupart, en Europe, en Afrique, aux Etats-Unis ou encore en Océanie, mais suivent, pour 82%, l’actualité politique française au moins une fois par semaine. Un vivier non-négligeable pour les candidats à l’élection présidentielle. Ce qu’attendent ces expatriés du nouveau chef de l’État ? Qu’il donne la priorité à l’emploi (84 %), à l’éducation (76 %) et à la sécurité (64 %). Rien de nouveau sous le soleil puisque ce sont des domaines importants pour la majorité des Français.
“Mais, là où l’on note des divergences, c’est lorsque l’on regarde les problématiques du futur président pour lesquelles ces Français de l’étranger disent porter le plus d’attention”, souligne Sylvaine Emery, directrice des activités internationales et d’outre-mer à Humanis : les impôts, l’éducation, la retraite et la santé. En somme, beaucoup de protection sociale et de fiscalité. “C’est le petit plus à la française. Notre système de protection sociale est plus efficace et moins cher. En tant qu’expatriés, ils ne sont pas habitués au système anglo-saxon où l’on doit payer avant d’être soigné”, explique Stéphanie Villers, chef économiste.
Du côté des Français de l’étranger, les candidats sont donc très attendus sur ces propositions. D’autant que, si l’Obamacare a eu un impact sur la couverture sociale des expatriés aux Etats-Unis (92 % d’entre eux sont désormais couverts), il n’en reste pas moins que l’ensemble des souscriptions (retraite, santé, prévoyance et assistance rapatriement) ont baissé l’an dernier. La faute au coût jugé trop élevé par 48% des expatriés non-couverts.
Créer des entreprises ? Oui, mais pas en France
L’autre point non-négligeable pour la campagne présidentielle est lié à la création d’entreprises. Parmi les expatriés, 20 % d’entre eux sont entrepreneurs quand 39 % avouent être tentés pour démarrer un projet entrepreneurial… à l’étranger ! Pourquoi pas en France ? Les démarches administratives y sont jugées trop complexes, par 79% des expatriés. “Cela pose des questions sur l’entrepreneuriat”, relève Stéphanie Villers, chef économiste. “Évidemment, c’est un sujet récurrent en politique. Depuis deux quinquennats, on nous parle de démarches de simplification et pourtant, on assiste à une fuite des cerveaux. Or les créations d’entreprises sont les emplois de demain”.
Mais ce qui amplifie la nécessité pour la France de repenser l’expatriation, c’est évidemment la montée en puissance du protectionnisme au sein des pays d’accueil. “Avec l’élection de Trump et le Brexit, c’est la douche froide. Qui aurait pu imaginer que ces deux symboles de la globalisation et du libre-échange deviendraient des zones de tension ?” reprend l’économiste.
Après l’élection de Trump et le Brexit, la guerre économique est lancée
S’il est encore trop tôt pour en tirer des conséquences chiffrées, des tendances futures sont fortement envisagées. “Il pourrait y avoir un glissement vers d’autres destinations pour les expatriés français. L’Asie pacifique, l’Océanie, le Canada sous réserve que l’ALENA ne soit pas remis en question. L’Afrique pourrait devenir un fort pôle de croissance, elle qui a longtemps été négligée”.
En Europe, territoire qui représente 49 % des destinations prisées par les expatriés français, l’enjeu est important. “Si la zone Euro et la France savent adresser les bons signes, elles auront l’opportunité de se s’installer comme leader. La question se pose notamment pour la City. Elle représente 15 % du PIB britannique. On a tout intérêt à récupérer ces cerveaux en fuite”. En Grande-Bretagne, l’expatriation française est estimée à 400 000 personnes. “La décision que prendra Theresa May sur un possible « hard Brexit » sera cruciale. Après cela, les expatriés auront deux ans pour se décider. À cela s’ajoute la chute de livre sterling : ce n’est plus une zone de confort. La question est donc ouverte et la guerre économique est lancée”.