«Les Portugais, l’Europe et les entrepreneurs doivent savoir que nous avons un système financier solide auquel nous pouvons faire confiance pour nos économies et pour encadrer l’investissement dans le Pays ».
Rassurer, et encore rassurer, tel est l’objectif du premier ministre socialiste Antonio Costa, après les soubresauts politiques qu’a traversé le pays depuis les élections législatives d’octobre 2015. Ces dernières ont vu la coalition de droite sortante arriver en tête, mais être évincée du pouvoir par une alliance inédite entre le Parti socialiste et les formations de la gauche radicale.
Le 16 mars, Antonio Costa a obtenu du Parlement l’approbation définitive du budget, ce qui permet, selon lui, de s’attaquer aux « blocages structurels » du Portugal. Bruxelles reste cependant suspicieux et lui a demandé de faire 1 milliard d’euros d’économie supplémentaire. Ce que refuse Lisbonne, considérant que son projet est solide et que les premiers mois de l’année ont permis de dégager un excédent budgétaire.
Lisbonne renoue avec les investissements
En attendant, Lisbonne renoue progressivement avec l’investissement étranger. « Les investisseurs se tournent à nouveau vers nous : nous sommes sortis à la date prévue du plan de sauvetage international, nous avons entamé des réformes de fond pour rééquilibrer les comptes, et nous sommes devenus plus compétitifs » explique Miguel Frasquilho qui dirige l’Agence gouvernementale du développement.
Les Chinois commencent à pointer son nez, en profitant de la vague de privatisations réclamée par le programme de sauvetage UE/FMI. Ils se sont notamment rendus acquéreurs de 23,1 % du capital de EDP-Electricité de Portugal, de 85 % de l’assureur Fidelidade, et du réseau de Distribution d’électricité REN.
La France veut poursuivre ses placements.
Ils sont aussi de loin les premiers bénéficiaires des quelque 2 853 « visas dorés », qui accordent depuis 2013 un permis de séjour au Portugal – et par là même libre accès au marché des 26 pays de l’espace Schengen – à des étrangers non ressortissants de l’Union européenne, à condition qu’ils achètent un bien immobilier de 500 000 € minimum et le gardent durant cinq ans.
La France est « l’autre » pays investisseur lié au programme de privatisations portugais, avec notamment Vinci, dans les aéroports, et Altice, qui a acquis et l’opérateur de téléphonie, Portugal Telecom. Devenue le deuxième client et le troisième fournisseur du Portugal, la France veut poursuivre ses placements.
« La formation, la compétence professionnelle, l’habileté linguistique des Portugais sont de vrais atouts pour attirer les investisseurs. C’est rassurant de savoir que nous pouvons compter sur une équipe de management sérieuse » souligne Benoît Gaillochet, directeur général de Ardian, une société d’investissement, qui vient de prendre 50 % d’Ascendi, concessionnaire de cinq autoroutes dans le nord du pays, pour 300 millions d’euros.
Les analystes, eux, se montrent prudents. « La politique budgétaire actuelle pourrait conduire à l’augmentation de la charge fiscale pour combler les déficits en cas de dérapages, relève pour sa part l’économiste Nuno Garoupa qui dirige un Institut de recherches. Cela pourrait contrarier la volonté de simplifier la bureaucratie, autre frein à l’investissement ».
Autre constat : le Portugal est à la mode, et séduit l’investissement immobilier et touristique – d’où une crainte de « bulle » spéculative. En 2015, la balance commerciale dans le secteur a dégagé 3 milliards d’euros d’excédents : une manne pour un pays en crise
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