Qu’arrive-t-il à ville chérie par l’écrivain Fernando Pessoa? Des ouvriers rénovent des quartiers entiers de la capitale, et les grues, toujours plus nombreuses, envahissent le ciel lisboète. Le secteur de la construction se remet enfin de ses années noires et les prix grimpent en flèche. «Il y a huit ans encore, avec mon collègue, nous faisions du porte à porte pour proposer nos services, confie Roman Kurtysh, un maçon ukrainien, étonné du regain d’activité. À cette époque, à la fin du mois on se faisait un salaire de 53 euros chacun. Nous étions prêts à jeter l’éponge.» Le tournant a eu lieu début 2014: trois ans après avoir reçu un plan d’aide européen de 78 milliards d’euros de prêts, le Portugal commence à sortir de la crise économique. Après ces années de déclin, la croissance – jugée exceptionnelle – du secteur s’explique en très grande partie grâce à la réhabilitation urbaine.
Un marché en effervescence
Avec ses immeubles abîmés par le temps, le quartier populaire de Campo das Cebolas, longtemps à l’écart des circuits touristiques, est aujourd’hui en train de renaître. Un appartement rénové avec vue sur le fleuve Tage y vaut désormais plus de 900.000 euros. En 2017, les prix de l’immobilier à Lisbonne ont grimpé de près de 20% au quatrième trimestre, par rapport à la même période l’année précédente. À Porto, les tarifs ont bondi de 17,6% sur la même période.
Dans l’ensemble du Portugal, le prix moyen du mètre carré a augmenté sur un an de 7,6% au quatrième trimestre 2017, à 932 euros le m².
Difficile d’imaginer, qu’avant 2013, «un immeuble sur trois était vide, vétuste ou dans un état avancé de dégradation» comme le rappelle Luis Mendes, chercheur affilié à l’Université de Lisbonne. Cette renaissance semble être le fruit de 3 facteurs conjoints: des taux d’intérêt bas, une fiscalité arrangeante et un afflux de touristes sans précédent, plus de 20 millions en 2017.
Une grosse clientèle de retraités
Prisée par les Français ils sont plus de 50 000 au Portugal. Lisbonne séduit particulièrement les retraités qui représentent 80 % du contingent d’expatriés de l’hexagone. Pour cause: la ville a allégé le fardeau fiscal des candidats à l’exil en 2013.
Pour les ressortissants hors Union Européenne, la fiscalité portugaise est toute aussi clémente. Délivrés à ceux prêts à investir au moins 500.000 euros pour l’achat d’un bien immobilier, les «goldens visas» sont notamment populaires chez les ressortissants chinois et à l’avenir, devraient l’être chez…les Britanniques.